Romain Odano, Directeur réseau, Nestenn

10 min Publié le 28 novembre 2024

Romain Odano, bonjour. Vous êtes Directeur réseau de l’enseigne Nestenn. Tout d’abord, merci d’avoir accepté l’invitation de Franchise Magazine.

Merci à vous, Vincent, et merci à Franchise Magazine.

Nestenn est un réseau national d’agences immobilières développées en franchise. Quels ont été les changements marquants depuis son lancement, les étapes les plus importantes ?

Chez Nestenn, on a une histoire assez particulière, assez singulière, puisque Nestenn a été créé en 2017, en septembre exactement, suite à la fusion de deux groupes, Avis-Immobilier et Solvimo. Avis-Immobilier qui, pour rappel, avait été le premier réseau de franchise en agence immobilière en France. Donc, grandes étapes : la réunification en 2017, le déploiement de la marque entre 2017 et 2018, évidemment, puisqu’on avait 250 agences issues des deux groupes, Solvimo et Avis-Immobilier, qui ont muté, changé d’enseignes et changé d’aménagements. Et puis, on a continué à développer la marque Nestenn jusqu’à atteindre plus de 400 points de vente au moment de la pré-COVID. Autre grand changement on est une filliale du groupe Arche, qui est connu pour être le propriétaire de la marque Cytia, mais qui détient également les réseaux LaForêt, Guy Hoquet, Century 21, depuis le mois de mars 2022.

Quels sont vos objectifs de développement en franchise pour les années qui viennent ?

À date, on est donc plus de 450 agences immobilières ouvertes. On a des agences, évidemment, en cours d’ouverture. On est présents en France métropolitaine, dans les DOM, dans les TOM. On est présents également à l’international. Notre objectif est assez simple, mais il est double. Premier objectif, ça va être d’obtenir une représentation en France métropolitaine de 600 agences immobilières. C’est un chiffre qui ne sort pas du chapeau. C’est un chiffre qui a été étudié de façon à pouvoir retrouver une agence Nestenn tous les 30 kilomètres. Donc un meilleur maillage en France. On n’a pas pour vocation à être les plus gros acteurs. On considère qu’on doit avoir d’abord en ligne de mire la qualité, la qualité client, suivi client. Et donc le deuxième objectif, c’est une diversification métier au sein de nos agences immobilières qui ne sont pas que des agences transactionnelles. Je rappelle à vos auditeurs que l’immobilier, c’est un métier multidisciplinaire. On parle souvent d’achat et de vente, mais également la location, la gestion, le syndic, entreprise et commerces, le prestige, le Vierge. Il y a énormément de métiers. C’est ce qui en fait d’ailleurs un domaine d’activité extrêmement intéressant. Donc, l’objectif est d’intensifier la démultiplication de la diversification métier au sein de nos agences à Nestenn.

Un mot sur la conjoncture. On a beaucoup entendu parler du marché de l’immobilier ces derniers mois. Quelle évolution vous constatez et quelle perspective pour les porteurs de projets ?</h3

Vous savez, Vincent, on entend toujours parler du marché de l’immobilier parce qu’on est en quelque sorte, non pas le poumon économique de la France, mais le baromètre. Dès qu’il y a un dérèglement économique, très souvent, le premier marché touché est l’immobilier, que ce soit positivement ou négativement. Et l’immobilier fait énormément parler parce que l’immobilier passionne. Donc, on a des articles, effectivement, qui, depuis deux ans, expliquent très bien une situation qui a été considérée par beaucoup comme une crise. Je ne pense pas à titre personnel que ça soit une crise immobilière. On a une crise du financement, une crise du logement. Mais effectivement, c’est une période qui a été plus compliquée pour certaines agences immobilières. Pourquoi ? Parce qu’on avait un nombre de transactions, pour parler de ce qui fait le cœur du marché, de ce qui se mesure, un nombre de transactions à l’après-COVID, particulièrement l’année 2022, qui avait explosé à plus d’un million cent mille transactions par an, alors qu’en 2019, on oscillait entre 800 et 850 000. À la suite de décisions parfois étatiques, à la suite en tout cas d’un contexte politico-économique mondial et particulièrement européen un peu complexe que tout le monde connaît, la BCE notamment, la Banque centrale européenne, a rehaussé ses taux directeurs et donc ça a eu pour conséquence, une hausse des taux d’intérêt des prix de l’immobilier et un comportement un petit peu plus frileux des banques qui donc prêtaient tout simplement moins. Les clients pouvant moins emprunter ou l’ensemble des clients qui avaient pu bénéficier de taux extrêmement profitables sur les années précédentes ont forcément connu quelques difficultés dans le renouvellement de nouveaux prêts. Le nombre de transactions a chuté à environ 750 000 transactions, ce qu’on constatera pour l’année 2024 vraisemblablement, qui reste un chiffre effectivement bien plus faible qu’en 2022, mais qui reste un chiffre cohérent par rapport à la France, à son nombre d’habitants. Mais ça a été un choc, vous vous en doutez, pour les agences immobilières. Aujourd’hui, on se retrouve dans une situation où il y a une vraie relance, il y a une baisse des taux d’intérêt, une volonté des banques d’intensifier la production de prêt. Parce qu’il faut bien savoir que la production de prêt est un moyen de « bancariser » cette population. Donc, on a un comportement du marché bancaire qui est meilleur, on a des transactions qui reprennent et des agences qui reprennent le souffle.

Merci pour ce point. Quels sont les critères pour devenir franchisé à Nestenn ? Quel profil de candidats vous recherchez en priorité ?

Nous, on recherche des passionnés travailleurs. Ça, c’est une première chose. Que ça soit dans l’immobilier ou autre, il faut bien comprendre que la franchise n’exclue pas le travail. Donc, on recherche des profils qui soient très souvent des profils commerçants ou des profils cadres en reconversion. Mais finalement, quand on regarde les 400 franchisés qui composent le groupe Nestenn, on a des profils et des historiques assez variés. Et c’est ça qui est intéressant. Ce qu’on recherche, ce sont des gens en capacité de vouloir développer un concept innovant en capacité de manager une équipe commerciale qui, certes, est assez restreinte, mais souvent très familiale dans une agence immobilière et en capacité, comme je le disais précédemment, de travailler. C’est un métier qui est extrêmement passionnant à l’immobilier, qui est considéré par certains comme un métier, entre guillemets, facile, mais ça reste un métier d’entrepreneur. Nous, on est là pour les former, pour les accompagner, pour leur donner les bons outils et on recherche un état d’esprit. Tourner, client, on a des valeurs qui sont assez fortes. On ne parle pas que de professionnalisme, évidemment, on parle d’authenticité, notamment. On recherche des profils authentiquement passionnés et en capacité de bosser.

Quels sont les investissements à prévoir pour ouvrir son agence ?

Pour ouvrir une agence, l’investissement va dépendre évidemment du secteur dans lequel on va l’ouvrir, puisqu’il y aura une question, comme dans tous les commerces, de local et donc parfois de droite au bail, en tout cas de coûts afférents à ce local. Maintenant, on peut parler d’un investissement global entre 120 et 180 000 €.

Combien de temps faut-il à un franchisé pour amortir cet investissement ?

C’est assez rapide parce que c’est un investissement qui est quand même relativement, j’ose dire faible par rapport à la construction de certains commerces physiques, il va falloir environ deux ans pour arriver à amortir cet investissement, entre deux et trois ans, selon la rapidité du plan de recrutement et l’évolution du business et des métiers à l’intérieur.

Dans vos projets de développement pour les années qui viennent, en termes de régions ou de villes, est-ce qu’il y a des trous dans la raquette, j’ai envie de dire, des régions des villes à couvrir en priorité ?

Oui. À couvrir en priorité, on peut le voir sur les implantations Nestenn qui sont disponibles sur notre site, on est extrêmement bien implanté au nord-ouest, au sud-est, proche de Lyon, en périphérie parisienne et dans le sud-ouest. Ce qui veut dire qu’on a tout un maillage à concrétiser sur le centre de la France, déjà. On va avoir également certaines villes principales Donc, pardon, mais Paris, où aujourd’hui, on a plusieurs agences, mais on a encore des arrondissements disponibles dans Paris. Et puis certaines autres villes comme Limoges. Je pense à Limoges, je pense à Clermont-Ferrand ou encore Bordeaux, qui sont des villes dans lesquelles on peut facilement développer une agence testable.

Est-ce que vous avez été amené à faire évoluer votre concept ou vos méthodes commerciales pour justement vous adapter à la situation du marché ?

En fait, c’est en constante évolution. Au niveau de l’évolution concept, il y a eu une évolution, effectivement, en 2023, qui était une évolution visuelle, physique, graphique, la charte Vitrine, extérieure notamment, parce que les clients sont toujours en recherche et en besoin d’innovation. C’est constant. Donc, il faut que les agences Nestenn, avec l’histoire en plus particulière que l’on a, c’est-à-dire cette histoire récente, il faut que l’agence Nestenn reste l’agence innovante. Donc évidemment, on a modernisé les agences. Après, dans les méthodes, c’est constant également parce qu’on s’adapte au marché. On a une force chez Nestenn, c’est d’avoir internalisé la plupart des services. Notre marketing est internalisé, la stratégie digitale est internalisée, mais également la force de formation. Et la formation permet d’adapter le contenu au moment et au marché. Notre principale force, c’est d’avoir intégré ce caractère formation à la partie digitale, puisqu’on va former nos agents immobiliers, leur conseiller, leur conseillère, leur personnel, pour être un petit peu plus large, autour d’outils qu’on a nous-mêmes développés. Et chaque année, on construit de façon semestrielle un plan de formation adapté. C’est pour ça que nos agents ont d’ailleurs extrêmement bien résisté à cette crise que l’on vient de passer.

Et pour finir, si vous aviez un conseil à donner à un porteur de projet qui voudrait se lancer dans l’immobilier pour bien choisir son réseau ?

Écoutez, déjà, s’il veut se lancer dans l’immobilier, je lui dirais de le faire parce qu’on est dans un des rares marchés de besoins. On a besoin d’un toit sur la tête. Tout le monde a besoin de se loger. C’est plutôt une bonne nouvelle. Après, pour le choix du réseau en tant que tel, il faut surtout rencontrer les réseaux. C’est important parce qu’aujourd’hui, je ne pense pas que mes confrères fassent mal leur métier. Donc, il faut juste rencontrer les réseaux, savoir ce qui va être l’élément décisif. Est-ce que ça va être l’environnement de marque ? Est-ce que ça va être la capacité, comme on le disait tout à l’heure, d’innovation ? Est-ce que ça va être simplement l’accompagnement humain ? Là où je vais mettre mon « curseur ». Et pour se rendre compte de l’intérêt de ces curseurs et arriver à les positionner, il faut se renseigner auprès de différents réseaux. Nous, on a très rarement des candidats qui se renseignent que chez Nestenn, vous vous en doutez bien, mais ils se sentent mieux chez Nestenn quand ils viennent. Donc, il faut rencontrer les réseaux, il faut analyser, il ne faut pas s’intéresser qu’aux coûts. Et je le dis en étant tout à fait transparent, parce qu’on est loin d’être les plus chers à ce niveau-là. Mais la vie ne se résume pas simplement à un contrat de franchise. C’est une aventure humaine, c’est un encadrement et c’est ce qui, je pense, doit être priorisé.

Romain Odano, je vous remercie. Je rappelle que vous êtes Directeur réseau de l’enseigne Nestenn et que votre actualité est à retrouver, notamment sur les sites Franchise Magazine et AC Franchise.