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      Les services à la personne : opportunité ou risque pour la franchise ?

      Tribune publiée le 21 novembre 2008 par MELLINGER
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      L’auteur s’inquiète du nombre important de concepts de franchise  qui se lancent sur  le marché des services à la personne, attirés par les effets d’aubaine fiscale et de mode. Il met en garde contre les dangers de cet engouement et appelle les candidats à la franchise à poser les bonnes questions et les responsables de ces réseaux à mieux mûrir leur projet.

      Il y a 4-5 ans le service à la personne comptait une dizaine de franchiseurs. Le secteur se trouvait dans le bas de la liste des secteurs de la franchise en nombre de franchiseurs.

      Une étude menée par Epac International montre que les choses ont bien changé. En octobre 2008 :
      · Le service à la personne s’était hissé dans le premier tiers de la liste des secteurs de la franchise!
      · Il s’est créé plus de 1 franchiseur par mois depuis près de 4 ans !
      · Il y a aujourd’hui 60 concepts de franchise dans ce secteur !
      · Plus d’un tiers d’entre eux expose au salon du service à la personne, aux côtés de 80 sociétés qui ne se sont pas encore lancées!
      · Parmi ces dernières nombreuses sont celles qui ont aussi des projets de développement en franchise !

      La croissance effrénée peut continuer !
      Il y aura bientôt plus de concepts de service à la personne que de concept d’agences immobilières, de concepts de restauration rapide ou de restauration à thème. Autant de concepts qui ont toujours été les plus créateurs de franchises. Une différence de taille : ils se sont construits en 30-40 ans. Le service à la personne se sera construit en 4-5 ans !

      Spectaculaire ! Inquiétant !
      Inquiétant, parce que la croissance ne concerne pas seulement le nombre de concepts
      . Elle touche aussi la croissance des réseaux eux-mêmes : certains, à peine nés, recrutent jusqu’à 2-3 franchisés par mois. Les manuels opérationnels sont-ils prêts ? Les organisations peuvent-elles suivre ? En particulier, les services d’animation ont-ils des collaborateurs suffisamment nombreux et compétents ?

      Inquiétant, parce que près d’un tiers des concepts offre plus de 4 services, 10% des concepts offrent plus de 6 services, dont certains ne présentent aucune synergie entre eux : garde d’enfant, transport et jardinage, par exemple. Salariés différents, matériels différents, compétences différentes, méthodes de vente différente…. Les organisations sont-elles capables de transmettre ces différents savoirs faire ? Sont-elles à la hauteur des attentes des franchisés?

      Des franchisés attirés et séduits par le faible niveau d’investissement initial et les incitations fiscales qui ont fait exploser le secteur. Mais des franchisés qui s’exposent à des lendemains difficiles : CA trop faibles, assistance défaillante, faillites et procès.

      Vision exagérément alarmiste ? Nous aimerions le croire. Mais en un demi-siècle, la franchise n’a jamais connu un secteur qui se soit créé en aussi peu de temps. Et pourtant, dans ce secteur aussi, le franchiseur doit maîtriser son double savoir faire, le savoir faire lié au concept et le savoir franchiser : créer et faire réussir un réseau.

      L’expérience du cabinet nous amène un lancer un cri d’alarme. Des réseaux aguerris, souvent n’apportent pas réellement tous les services qu’un franchisé peut attendre. Que dire de réseaux qui se créent et grandissent aussi vite ?

      Que faire ?

      Pour les franchiseurs ? Continuer à entreprendre… mais savoir qu’avant de grandir vite, il faut mettre en place l’organisation adaptée, rédiger les manuels opérationnels, apprendre à intégrer les nouveaux franchisés …. Un contrat de franchise et des incitations fiscales ne suffisent pas pour créer des organisations pérennes.

      Pour les franchisés ? Continuer à se laisser séduire … mais poser les bonnes questions : combien d’animateurs pour combien de franchisés, quelle est la courbe de croissance du CA et la rentabilité des franchisés qui les ont précédés, comment est construit le plan de formation et d’intégration des nouveaux franchisés, quelle est la qualité du manuel opérationnel?

      Si les professionnels du secteur n’apprennent pas à se gérer, les échecs de franchisés vont proliférer, les procès se multiplier, les réseaux disparaître, jusqu’aux incitations fiscales qui peuvent être remises en question.
      La franchise, vecteur majeur de propagation des concepts, aura du mal à sortir indemne de ce scénario du pire…. s’il se produit, car il n’est pas encore trop tard pour l’éviter.