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      Futurs franchisés : comment évaluer la rentabilité de votre projet

      Dernière mise à jour le 7 avril 2022

      La franchise doit vous permettre de gagner plus qu’en étant salarié ou indépendant en solo. Mais cela reste à vérifier poste par poste pour valider votre projet.

      Comment ne pas se tromper sur la rentabilité future de son projet de franchise ?Comment ne pas se tromper sur la rentabilité future de son projet de franchise ? Tous ceux qui envisagent de rejoindre une enseigne se posent bien sûr la question.

      « Une entreprise franchisée devient rentable quand elle permet de rémunérer son ou ses dirigeants à un taux supérieur à la moyenne de la profession », répond d’emblée Éric Luc, expert-comptable spécialisé en franchise et directeur des relations extérieures du groupe Fiducial.

      Le praticien précise : « Je parle de rémunération au sens large, c’est à dire salaires plus dividendes. »

      Ne pas se tromper sur le chiffre d’affaires

      Pour y parvenir, il faut d’abord que votre chiffre d’affaires soit au-dessus de ce fameux niveau moyen.  Un niveau que Fiducial évalue chaque année (avec de nombreux autres chiffres) à partir des comptes de résultat de ses clients – plusieurs dizaines de milliers d’entreprises en France dont 6 500 franchisées appartenant à 350 réseaux -. Des informations accessibles sur son site Internet sous forme « d’observatoires-métiers ».

      Conseils-DevenirFranchise-BusinessPlan« En 2020, selon notre panel, le chiffre d’affaires moyen de la boulangerie par exemple a été de l’ordre de 450 000 € pour les entreprises assujetties à l’impôt sur les sociétés (IS, hors entreprises individuelles donc), indique Éric Luc. Nos clients franchisés (eux aussi en société soumises à l’IS pour leur quasi-totalité) se situent plutôt dans la tranche haute, c’est à dire avec un CA moyen de 750 000 €. Conséquence : dans le premier cas, le résultat net moyen après impôts a été de l’ordre de 17 000 €, dans le second, on a atteint presque 40 000 €. »

      On le comprend bien, il est vital pour vous de ne pas commettre d’erreur sur le chiffre d’affaires que vous allez pouvoir atteindre.

      Et pour cela, les spécialistes de la franchise sont unanimes, qu’ils soient experts-comptables, avocats ou juges : c’est au futur franchisé, c’est à vous, d’évaluer la faisabilité de votre projet et de réaliser (ou faire réaliser) une étude de marché, une étude d’implantation précise, de préférence par une société spécialisée.

      Certes, le franchiseur peut vous donner des éléments, certes, l’expert-comptable peut bien connaître le réseau, mais c’est à vous et à vous seul au final, de déterminer votre CA prévisionnel. Vous devez vraiment savoir s’il sera suffisant pour dégager une rentabilité mais n’avez surtout pas intérêt à le surestimer.

      Ni sur le montant de l’emprunt

      Conseils d’expert : comment évaluer la rentabilité de votre projet ?De la même manière, vous ne devez pas sous-estimer votre investissement et l’on sait qu’en franchise, il peut être plus important qu’en solo, en raison du montant du droit d’entrée, du coût de la formation initiale qui parfois s’y ajoute, de l’agencement, des travaux éventuels, etc.

      Mais « qui dit investissement dit apport personnel et emprunt bancaire », rappelle Éric Luc. Et à propos d’apport, le spécialiste vous conseille « d’être au clair sur le sujet et de ne pas penser et déclarer que vous disposez de 40 000 € alors que c’est en réalité 20 000, une erreur que commettent encore trop de candidats ».

      Ensuite, beaucoup de choses vont dépendre de votre capacité à rembourser votre emprunt tout au long de votre contrat. Un remboursement qui ne doit pas obérer votre rentabilité. Pour cela il est recommandé que le poids des sommes reversées annuellement à la banque ne dépasse pas 10 % du chiffre d’affaires. « Dans la plupart des professions, on est en réalité entre 6 et 7 %. Dans la boulangerie par exemple, c’est 7 % », indique Éric Luc.

      Dans le même ordre d’idées, on connait l’importance que peut avoir l’emplacement dans la plupart des franchises. On sait aussi qu’il peut s’y révéler très coûteux car les concepts exigent souvent les meilleurs sites. Il faut veiller à ce que le loyer ne dépasse pas annuellement les 10 % du CA.

      Selon les observatoires-métiers de Fiducial, il a été en 2020 (derniers chiffres connus) en moyenne de 5 % dans la restauration rapide, de 7 % dans les grosses boulangeries et de 9 % dans la coiffure (en ne considérant là encore que les entreprises en société).

      Les normes en matière de charges

      Beaute-couts-coiffureD’autres ratios existent par profession quant au CA moyen atteignable par mètre carré par exemple. Ce qui vous permet de déterminer avec précision la surface nécessaire et suffisante pour démarrer votre point de vente dans les meilleures conditions. Même chose pour le CA annuel que peut dégager un employé, ce qui vous aidera à fixer la taille exacte de votre effectif sans déraper.

      A ce propos, Éric Luc rappelle qu’en société soumise à l’IS, le poste « charges de personnel » du compte de résultat comprend le salaire et les charges sociales du dirigeant franchisé. Et que « vous pouvez, pour commencer, prévoir de vous verser seulement un salaire « technique » du niveau d’un manager de la profession et vous distribuer sous forme de dividendes votre résultat net. Il vous sera toujours possible par la suite d’augmenter votre salaire de dirigeant en fonction de l’évolution de votre activité. »

      Les charges de personnel, précisément : là aussi les niveaux moyens à ne pas dépasser sont connus. En 2020, toujours selon le panel Fiducial, elles ont atteint en moyenne pour les entreprises en société 38 % du CA dans la restauration (dont 32 % dans la restauration rapide), et 55 % dans la coiffure (jusqu’à 60 % pour les plus gros salons).

      Tandis que le « coût-matière » a été de 31 % dans la restauration et 10 % en coiffure. Sont restés en gros dans les deux cas moins de 30 % pour les frais généraux (dont, entre autres, le loyer et, pour les franchises, les redevances)

      Redevances : jusqu’où aller ?

      Comment décrocher un crédit en franchiseSur ce dernier point la réponse, selon Éric Luc n’est pas, pour le coup, une question de pourcentage. « Il y a une seule question à se poser à propos des redevances, affirme le spécialiste. C’est : quelle est la rémunération – en valeur absolue – du franchiseur à partir de mon chiffre d’affaires et, en regard, quelle est la mienne ? Si vous êtes courtier en travaux avec une redevance d’enseigne de 10 %, vous n’avez pas d’achats de produits, pas de charges de personnel et presque pas de loyer. Donc, si vous faites 1 000 € de CA, le franchiseur encaisse 100 €, mais il vous en reste presque 900. En revanche si vous réalisez un CA d’1M€ dans la boulangerie avec une redevance à 5 %, votre franchiseur encaissera annuellement 50 000 €, il risque de gagner plus que vous ! Mais s’il vous apporte chaque mois pour 4 000 € de prestations, sous forme de formation, de publicité locale ou autre, sa redevance sera justifiée. Tout doit être bien mesuré. »

      Pour ne pas vous tromper dans l’évaluation de la rentabilité future de votre entreprise franchisée, vous l’avez compris, vous avez tout intérêt à vous rapprocher d’un spécialiste. Le directeur des relations extérieures de Fiducial vous invite cependant à « ne pas entièrement sous-traiter votre prévisionnel à cet expert, mais à le réaliser en collaboration avec lui de façon rigoureuse et mathématique afin qu’il soit le plus poussé, le plus réfléchi possible ».

      Qui sera le plus rentable ?

      Maintenant, quel bénéfice, quel résultat net après impôts pouvez-vous espérer en franchise ? Pour reprendre la même source, en 2020, le résultat net moyen des entreprises soumises à l’IS (pas uniquement les franchisées donc) a été, par exemple, de 4 % dans la coiffure, 5 % dans la restauration rapide et 5 % dans la tranche haute de la boulangerie.

      Mais, pour Éric Luc, l’essentiel n’est pas de chercher le secteur le plus rentable. Car « tout dépend de chaque projet individuel en fait ».

      « Je connais bien par exemple les franchisés d’un réseau spécialisé dans la réparation de stores, relate l’expert. Avant, ils étaient employés dans des enseignes de bricolage et payés au Smic. Même si leur rémunération ne dépassera peut-être pas demain 4 000 € mensuels, dividendes compris, ils vont avoir multiplié leur ancien salaire par deux ou par trois. Pour eux, la franchise est évidemment une opération très rentable. Mais si vous êtes un cadre supérieur de l’administration appointé à 5 000 € par mois, vous opterez sans doute pour un projet plus adapté à vos attentes. »

      L’expert donne un dernier conseil aux futurs franchisés pour atteindre la rentabilité : « Utilisez votre franchiseur ! Vérifiez bien quels seront ses services, quelle sera son aide à la recherche du local, son aide au démarrage, à l’installation au sens large. » C’est un atout des bonnes franchises, ne vous en privez pas.

      A lire aussi sur le sujet :

      -L’interview en longueur d’Éric Luc, expert-comptable, Fiducial