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      Solaire : un marché durable ?

      La filière du solaire, bouillonnante ces dernières années, a montré ses premiers signes de crispation en 2009. Les enseignes du secteur restent pour autant confiantes, dans un modèle de distribution qu’elles appuient sur une offre en énergies renouvelables multiproduits.

      En croissance depuis plus de 10 ans, le marché des équipements solaires thermiques, qui permettent de transformer la chaleur du soleil en énergie, a enregistré en 2009 sa première baisse. Il s’est vendu l’année dernière 36 000 chauffe-eau solaires individuels dans l’Hexagone, contre 42 000 l’année précédente, indique l’association professionnelle Enerplan.

      Selon les spécialistes, ce recul a deux grandes causes. D’abord la baisse des prix du fioul et du gaz, qui a moins incité les particuliers à chercher des solutions énergétiques alternatives. Ensuite, la poussée des panneaux photovoltaïques, qui permettent, eux, de fabriquer de l’électricité pour la revendre à EDF. “Cette technologie a bénéficié d’une telle presse, et de tarifs de rachats si alléchants que la demande a tout simplement explosé”, explique Philippe Darricarrère, directeur réseau chez Soleil en Tête, jeune et dynamique enseigne spécialisée dans les énergies renouvelables (30 franchises ouvertes en deux ans).
      65 000 demandes de raccordement au réseau de distribution d’électricité ont ainsi été déposées en 2009, alors qu’elles étaient à peine 17 000 en 2008 et moins de 7 000 en 2007. “Un emballement qui a littéralement cannibalisé le solaire thermique”, confirme Jean-Marie Michaud, directeur réseau d’un autre acteur du segment, Tryba Solar (10 concessions à fin avril 2010). Conséquence : les enseignes spécialisées dans les énergies renouvelables ont réalisé, en 2009, entre 70 et 90 % de leur chiffre d’affaires sur le photovoltaïque. Une opération somme toute intéressante. Sauf que l’on ne sait pas très bien combien de temps durera l’effet d’aubaine…Le gouvernement, en effet, a programmé la diminution progressive des tarifs de rachat par EDF de l’électricité aux petits producteurs. Début 2010, le kWh est passé de 60 à 58 centimes pour les particuliers. “Un mouvement pour l’instant quasi indolore”, estime Philippe Darricarrère. Mais qui va se poursuivre et pourrait bien, à moyen terme, faire baisser l’intérêt pour le photovoltaïque. La visibilité est également limitée en ce qui concerne le crédit d’impôt alloué aux ménages qui s’équipent (50 % en 2010). Et dont on peut imaginer qu’il sera révisé à la baisse à l’horizon 2012, comme cela a déjà été le cas pour les pompes à chaleur (crédit d’impôt passé de 50 en 2008, à 25 % en 2010).

      Même si la tendance de fond est porteuse, même si le solaire a le vent en poupe, ces événements récents rappellent que le marché reste très nerveux et dépendant de paramètres exogènes. “Nous n’en maîtrisons effectivement pas tous les tenants et aboutissants”, admet Philippe Darricarrère. “Des retournements ne manqueront pas de se produire”, confirme Jean-Marie Michaud.

      Pour s’y préparer, les deux réseaux ont fait, entre autres choix stratégiques, celui d’être multiproduits. “Plus prudent pour le franchisé, qui peut ainsi adapter son modèle à la demande”, note le directeur réseau de Soleil en Tête. Son enseigne installe des panneaux photovoltaïques, thermiques mais aussi des pompes à chaleur air/eau.
       
      Une gamme à laquelle Tryba Solar a ajouté les chaudières et poêles à granulés. “Nos franchisés sont formés à chacun de ces produits, et doivent être capables d’en pousser commercialement l’un ou l’autre selon la conjoncture”, insiste Jean-Marie Michaud. Qui conclut : “mieux vaut dans un secteur comme le nôtre, s’appuyer sur cinq pieds que sur un seul.”

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