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      Pourquoi la franchise séduit tant les jeunes entrepreneurs ?

      Dernière mise à jour le 14 février 2024

      Désir d’entreprendre, de devenir son propre patron, volonté de s’appuyer sur un cadre rassurant qui a fait ses preuves : la franchise fédère un nombre croissant de jeunes entrepreneurs.

      35 ans, c’est l’âge moyen, en France, d’un franchisé qui ouvre son premier point de vente, selon la 19e Enquête de la franchise-Banque Populaire en partenariat avec la Fédération française de la franchise. 35 ans, c’est aussi, et sans conteste, l’âge de la maturité pour entreprendre dans le commerce. Pourtant, un nombre non négligeable de commerçants en herbe, plus jeunes encore, n’hésitent pas à franchir le seuil qui mène à l’entrepreneuriat. En effet, selon la Fédération française de la franchise, 50 % des franchisés qui se lancent ont entre 18 et 35 ans. Et pour cause : 47 % des 18-30 ans aspirent à une carrière entrepreneuriale, selon une enquête de l’Ifop pour Bpifrance (mai 2023), « l’envie de liberté et d’indépendance étant, pour eux, le premier moteur de la création d’entreprise », peut-on lire dans l’étude.

      Une grande diversité de profils

      « Si l’intérêt des jeunes pour l’entrepreneuriat s’est fortement accru ces dernières années, cela se vérifie avec la franchise, qui accueille chaque année de plus en plus de jeunes entrepreneurs prêts à monter leur projet, observait, en mai 2023, Véronique Discours-Buhot, déléguée générale de la Fédération française de la franchise, dans un communiqué. Ils prennent conscience que cette voie peut développer leur parcours professionnel ou devenir un véritable projet de carrière ».

      « La franchise a, depuis de longues années, cette capacité à pouvoir accueillir ces jeunes audacieux, désireux de créer leur entreprise, qu’ils soient d’ailleurs seuls ou en couple », reprend Franck Berthouloux, directeur du cabinet de conseil TGS France Consulting. Et preuve que la franchise peut convenir à des profils variés, reflétant ainsi « la diversité des opportunités offertes par notre modèle », se félicite-t-on à la FFF : alors que 36 % des nouveaux franchisés sont titulaires d’un CAP, d’un BEP, d’un BAC pro ou d’un BAC, 40 % d’entre eux ont un BAC +2 ou +3, et 24 % d’entre eux un BAC +4 ou au-delà.

      S’appuyer sur un modèle éprouvé

      Sébastien Cogez, directeur délégué de la franchise APEF
      Sébastien Cogez, directeur délégué du réseau Apef

      Face à cet engouement, une interrogation se pose : qu’est-ce qui rend la franchise si attractive auprès de la jeunesse ? « Pour réaliser ses premiers pas dans l’entrepreneuriat, la franchise est une voie idéale car le jeune affilié va pouvoir s’appuyer sur des outils bien calibrés et sur un modèle qui a fait ses preuves, affirme Sébastien Cogez, directeur délégué du réseau Apef (services à la personne). Il pourra ainsi canaliser toute son énergie sur les fondamentaux qui lui permettront de devenir un bon chef d’entreprise» Et preuve qu’au sein d’Apef « on encourage la jeunesse à nous rejoindre », reprend Sébastien Cogez : « Plus d’un tiers de nos derniers affiliés sont âgés de moins de 30 ans », ajoute ce dernier (le réseau Apef, qui recrute 20 à 25 franchisés par an, comptait, fin 2023, 150 agences, dont 85 % en franchise).

      Aussi, bâtie sur un modèle testé et éprouvé, la franchise permet aux entrepreneurs en herbe de se lancer avec un cadre rassurant et sécurisant. « En profitant de la notoriété et du savoir-faire d’une enseigne, ils réduisent les risques liés à la création d’un concept, précise-t-on à la FFF. Grâce à l’exploitation d’une enseigne reconnue, la franchise promet un démarrage rapide et efficace. » Par ailleurs, la franchise permet souvent de lancer son activité à peu de frais, avec des apports personnels pouvant démarrer dès 10 000 euros, et avec des possibilités de financement facilité grâce à la notoriété de la marque. « C’est une des raisons, en effet, pour lesquelles nous attirons autant de jeunes, poursuit Sébastien Cogez. Avec un budget total de seulement 70 000 euros, dont environ 20 000 euros d’apport, on peut se lancer en franchise avec Apef. Chez nous, il n’y a pas stock de marchandise, ce qui, par rapport à d’autres réseaux du commerce de détail, réduit considérablement les investissements. » Enfin, de nombreux franchiseurs mettent en place des systèmes de parrainage entre nouveaux franchisés et franchisés aguerris. Résultat : les jeunes entrepreneurs peuvent développer rapidement les compétences dont ils ont besoin pour réussir.

      Dans les pas de son père

      Affiliés de la chaîne de restauration Pizza Cosy à Strasbourg (67), Élise Fabing et Théo Milloth se sont lancés, en 2021, dans le grand bain de la franchise après une première expérience dans le secteur bancaire. Leur but était clair : « Être notre propre patron, expliquent-ils. De plus, nous ne nous retrouvions pas dans les valeurs et le mode d’organisation managériale des entreprises dans lesquelles nous avions effectué nos alternances. Aussi, nous avons eu un véritable coup de cœur pour l’état d’esprit de Pizza Cosy. » Toutefois, les chemins qu’empruntent les jeunes entrepreneurs les menant à la franchise ne sont pas linéaires. Prenons l’exemple de Félix Riffard, à la tête, depuis ses 22 ans, d’un magasin du réseau de cuisinistes SoCoo’c à Aubenas (07). Ses premiers pas dans la franchise, en 2021, il les doit à son père, déjà franchisé d’un point de vente de cuisines. « C’est lui qui m’a donné le goût d’entreprendre. Cette activité est un formidable défi personnel, mais aussi une belle histoire de transmission que je partage avec lui », dit-il.

      Encourager un jeune, c’est le fidéliser

      Restaurant à l'enseigne Crêpe Touch au centre commercial QwartzAutre parcours d’un jeune entrepreneur commerçant pour le moins inspirant : celui de Mickaël Lipari. Dès l’âge de 16 ans, et en parallèle de ses études de commerce, il effectue plusieurs missions dans la restauration. En 2017, alors âgé de 26 ans, il lance sa propre marque, Crêpe Touch, qui, quatre années plus tard, deviendra une franchise, avec l’aide de son associé Grégory Clément. A 33 ans et à la tête d’une enseigne qui compte 9 unités, Mickaël Lipari affiche aujourd’hui ses ambitions : compter 11 nouvelles adresses en 2024 et atteindre les 50 pavillons en 2027, notamment grâce à la multi-franchise. « Pour nous, la franchise est un véritable accélérateur de croissance, permettant un déploiement presque 4 à 5 fois plus rapide qu’en gestion directe », affirme-t-il.

      Une autre initiative, menée par l’enseigne Daniel Moquet (aménagement de cours, allées et terrasses) est saluée par Franck Berthouloux (TGS France Consulting). « Sa tête de réseau encourage de nombreux jeunes salariés de l’enseigne à devenir associés, et chefs d’entreprise, par le moyen de l’ascenseur social. C’est très encourageant pour le jeune et ça permet de le fidéliser à l’enseigne. Et autre preuve qu’il y a, dans ce réseau, une bonne émulation vers l’entrepreneuriat : bon nombre d’animateurs réseau qui accompagnent les franchisés choisissent, eux aussi, d’en devenir affilié. »

      L’obstacle du financement

      Valentin Gibier, franchisé Attila à Laval
      Valentin Gibier, franchisé Attila à Laval

      Il n’empêche : pour un jeune entrepreneur, la voie menant à la franchise n’en demeure pas moins pavée d’obstacles, avec notamment le volet du financement auprès des banques, qui peut s’avérer compliqué. « Pour nous, la principale difficulté a été de réussir à convaincre de notre capacité à manager et à gérer une entreprise, malgré notre jeune âge et notre manque d’expérience, et particulièrement auprès des établissements bancaires, qui sont les plus frileux », témoignent Élise Fabing et Théo Milloth. C’est ce que confirme Valentin Gibier, qui est devenu, en 2021 à l’âge de 29 ans, franchisé du réseau Attila : « Pour financer mon projet, j’ai rencontré certaines barrières. Il a fallu me montrer convaincant auprès de la banque, confie-t-il. Mais j’ai eu la chance de bénéficier de prêts d’honneur. Et surtout, j’étais très bien préparé, je maîtrisais mon sujet sur le bout des doigts ! »

      Nombre d’acteurs et d’observateurs de la franchise en demeurent toutefois convaincus : si être jeune est un atout considérable pour se lancer dans l’entrepreneuriat (« notre jeunesse nous offre une énergie débordante et beaucoup de disponibilité », soulignent Élise Fabing et Théo Milloth), c’est avant tout l’état d’esprit qui compte. « Pour être franchisé, il n’y a pas d’âge, insiste Franck Berthouloux. Le tout est d’être mature et d’avoir l’envie. » « Chez Apef, c’est cette rencontre avec un porteur de projet, quel que soit son âge, qui nous intéresse, abonde Sébastien Cogez. Car la richesse de notre réseau se construit aussi grâce à la diversité des profils qui nous structurent ». Qu’on se le dise : la franchise est bien l’affaire de tous !

      Avis d’expert : « Respecter les invariants, mais ne pas oublier les variants ! »

      Franck BerthoulouxFranck Berthouloux, consultant et coach certifié au sein du cabinet TGS France (TGS France Consulting)

      « En franchise, il y a les invariants, à savoir la marque, son modèle et son savoir-faire. Naturellement, le franchisé, quel qu’il soit, doit les respecter. Mais en franchise, il y a aussi les variants, ce sont tous ces éléments qui relèvent de l’entrepreneur seul, et qui construisent aussi son parcours. Ils sont ainsi concentrés dans un espace qui lui est propre et qui peut se matérialiser par des prises d’initiative et des prises de position. J’invite donc les jeunes entrepreneurs à respecter les invariants tout en faisant preuve d’un esprit d’ouverture qui peut servir l’intérêt général. Apporter des idées nouvelles et même partager ses échecs est un bon moyen de faire progresser tous les maillons du réseau. J’encourage même les franchiseurs à ouvrir ces espaces d’échanges entre franchisés. Ils ne sont pas assez nombreux à le faire. »