Notre objectif dans les cinq prochaines années est d’ouvrir au moins 100 boutiques Gong Cha sur toute la France.
Vous êtes master franchisé pour la Belgique et la France de l’enseigne Gong Cha : pouvez-vous nous présenter ce concept spécialisé dans le bubble tea ?
Gong Cha est le leader mondial du thé premium hors Chine. L’enseigne a été créée à Taïwan en 2006 et a connu une ascension fulgurante en Asie. Elle compte notamment plus de 1 000 points de vente en Corée du Sud, le premier pays en nombre de boutiques à l’enseigne. Suite à son rachat par un fonds d’investissement américain il y a cinq ans, elle a aussi connu une forte croissance aux Etats-Unis, où elle aligne 500 points de vente.
J’ai signé un contrat de master franchise pour la Belgique en mai 2022, et le premier point de vente Gong Cha en Europe continentale a ouvert à Bruxelles en juillet 2022. Puis j’ai signé la master franchise pour la France en mai 2023, et la première boutique française a ouvert en 2024 à Paris, rue Rambuteau. Je suis également master franchisé Gong Cha pour le Maroc et l’île Maurice. A ce jour, l’enseigne compte neuf points de vente ouverts dont trois à Paris, mais aussi à Toulouse, Strasbourg, Colmar, Lille et La Réunion ; et un dixième doit ouvrir à Grenoble fin janvier.
Qu’est-ce qui vous a séduit dans ce concept ?
D’abord la facilité du business model : je recherchais une marque où la facilité opérationnelle était ultra-présente. Une boutique Gong Cha ouvre de 11h à 19h, donc ce ne sont pas des horaires comme je peux en connaître en tant que multi-franchisé O’Tacos avec 5 points de vente en Belgique, qui restent ouvert jusqu’à 22h, et certains jours jusqu’à minuit.
Je ne voulais pas non plus de process compliqué : chez Gong Cha, il n’y a pas de friture, ni de cuisson et donc, pas besoin d’extraction. Il y a tout de même un minimum de préparation, puisqu’il faut infuser le thé sur place toutes les quatre heures et cuire les graines de tapioca pour le bubble tea. Mais cela reste une technique basique : ce n’est pas un métier laborieux du point de vue du franchisé.
Si l’on parle de la marque en tant que telle, je voulais absolument faire du bubble tea, et du thé de manière plus générale. Parce que j’ai grandi dans la cuture américaine avec les hamburgers, les films d’Hollywood, McDo etc. Mais depuis une dizaine d’années, on voit qu’un switch culturel s’opère auprès des jeunes vers la culture asiatique, qui a pénétré l’Occident avec le succès de la K-Pop, les séries coréennes, le sushi, les nouilles etc. Donc les marques américaines performantes comme McDonald’s ou Starbucks sont concurrencées par des marques plutôt asiatiques.
A cela s’ajoute la tendance du thé de manière générale, notamment des marques de thé glacé qui se sont développées en magasin. Là aussi, on est passé d’une culture où on buvait énormément de café à des jeunes qui en boivent moins et sont plutôt attirés par les tisanes etc. C’est aussi cette réflexion qui m’a amené à vouloir faire du thé avec Gong Cha, qui est largement au-dessus en termes de qualité.
Avez-vous été amené à faire évoluer le concept Gong Cha pour l’adapter au marché français ? Si oui, de quelle manière ?
Oui, nous avons adapté le concept pour l’adapter au marché occidental. L’idée n’est pas d’avoir des goûts type camembert : il ne faut pas non plus prendre un virage trop important ! Mais nous avons clairement essayé d’adapter certains produits : en Asie, par exemple, on est plutôt sur des goûts plus natures. Alors qu’en France, on a vraiment constaté que les gens aiment des goûts plus typés, comme le caramel par exemple. Si on compare la carte Gong Cha en Asie et en France, il y a des produits communs, des best-sellers comme le Big Mac chez McDonald’s ; mais on a mis en avant et développé plus de goûts sucrés, fruités, caramel, chocolat etc., qui sont beaucoup plus en phase avec la culture française.
Quels sont vos projets d’ouvertures en France pour 2025 ? Quelles sont les régions, les villes françaises que vous ciblez pour ouvrir des points de vente ?
Nous avons plusieurs projets dans le pipeline qui devraient se traduire par une dizaine d’ouvertures d’ici l’été 2025. Paris et la région parisienne sont prioritaires, parce que c’est plus facile d’un point de vue logistique, et qu’on peut en ouvrir beaucoup. Et nous avons privilégié les grandes villes avant d’aller dans les villes moyennes, mais la région parisienne exceptée, nous n’avons pas priorisé une région par rapport à une autre.
Quels sont les critères pour devenir franchisé Gong Cha ?
Nous recherchons idéalement multi-franchisés sous d’autres enseignes : cela leur permet de compléter leur offre avec une marque de boissons, de plus internationale, ce qui n’est finalement pas commun en France, à part Starbucks. Aujourd’hui, nos franchisés sont majoritairement des multi-franchisés. Mais si ce sont des primo-accédants, au-delà de l’aspect financier, au-delà de la motivation pour la marque, nous recherchons de gens qui sont prêts à travailler dans leur boutique. Parce qu’on estime que, si tu n’es pas un multi-franchisé déjà structuré, tu as besoin d’être dans ton shop pour le faire vivre. Malheureusement, la restauration, ce n’est pas un investissement passif, il faut être présent et être dedans, car la marque compte pour 20 % de ton chiffre d’affaires : les 80 % restants, c’est l’opérationnel qu’il y a derrière et la présence. En équivalents temps plein, une boutique Gong Cha emploie au minimum trois personnes, et jusqu’à 8 ou 9 mais pas plus, car les superficies ne sont pas très grandes et qu’il y a un maximum de de capacité de production par point de vente.
Quel sont les investissements à prévoir ?
Le capex d’investissement nécessaire pour devenir franchisé Gong Cha est faible par rapport à la concurrence : pour ouvrir une boutique de 60 à 100 m², il faut prévoir investissement de 130 à 150 000 €, incluant le droit d’entrée. Il est possible d’ouvrir sur de plus petites surfaces : il existe un modèle de kiosque en centre commercial sur 20 m² minimum. Mais pour un magasin classique, 60 m² sont nécessaires pour avoir un minimum de places assises. Car nous pensons que, si on n’est pas dans un kiosque en centre commercial, le « grab & go » n’a pas vraiment d’intérêt : l’hiver, les clients ont envie de s’asseoir au chaud pour consommer leur boisson, froide ou chaude.
Quel type d’emplacement faut-il pour ouvrir un point de vente en franchise ?
En dehors des centres commerciaux pour le format kiosque, nous visons des emplacements en hypercentre, idéalement proche des écoles et des universités, parce que notre clientèle est clairement féminine et jeune : notre client-type est une femme entre 16 et 35 ans. Donc nous recherchons des emplacements fréquentés par ce type de clientèle.
De plus, comme Starbucks, nous proposons un produit d’impulsion : quand on voit Gong Cha, on a envie de boire du thé, donc il faut être dans le flux et dans le passage. Nous ne sommes pas du tout un lieu de destination contrairement à McDonald’s, Burger King ou KFC, qui peuvent s’implanter en périphérie parce que leurs clients vont se déplacer.
Quels sont vos objectifs pour l’enseigne sur le marché français ?
Notre objectif dans les cinq prochaines années est d’ouvrir au moins 100 adresses sur la France. Le réseau comptera 25 à 30 points de vente d’ici la fin de l’année donc, en deux ans et demi, nous aurons été capable d’ouvrir 30 boutiques. Ensuite, plus ou ouvre, plus la marque prend de l’ampleur et suscite de l’engouement. Et plus on est gros, plus on peut investir dans le marketing.
Notre développement s’appuie déjà sur des partenaires multisites : notre franchisé de Strasbourg a ouvert trois boutiques en un an, en centre-ville, à Colmar et en centre commercial. De même, notre franchisé de Toulouse prépare déjà une deuxième ouverture et celui de La Réunion, qui a ouvert sa première adresse il y a quelques mois, en veut trois de plus. Il y a une raison très simple à cela : c’est que le business model Gong Cha encourage les franchisés à ouvrir plus d’une unité. Si on n’en ouvre qu’une, on gagne très bien sa vie (avec un chiffre d’affaires compris entre 300 et 750 000 €) mais, avec 4 ou 5 boutiques, on peut faire autant de bénéfices qu’avec un seul McDonald’s, tout en répartissant son risque.