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      Reprendre une entreprise franchisée

      Tribune publiée le 19 mars 2008 par Jean-Pierre GOUZY
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      Les sites franchisés à reprendre se multiplient – naturellement – dans les réseaux anciens. Autant d’opportunités pour des entrepreneurs… avertis. Des précautions élémentaires sont, en effet, nécessaires.

      20% des entreprises françaises devraient changer de mains d’ici 2013. Qu’en est-il dans les réseaux contractuels d’entreprises où on parle plus volontiers de nouveaux sites créés ou ralliés à l’enseigne ? Dans le monde de la franchise, on évoque bien plus rarement les opérations de reprise qui, cependant, peuvent atteindre plus du tiers des arrivées de nouveaux franchisés de bien des réseaux.
      En effet, la demande existe, l’offre également et le marché répond. Nombre de franchises hexagonales ont vu le jour à partir des années soixante-dix. Leurs concepts, suffisamment forts, ont su d’adapter aux évolutions des trente dernières années et restent d’actualité. Pour certains des partenaires “pionniers”, vient aujourd’hui l’heure de la retraite et ce phénomène ira grandissant.

      Au-delà du phénomène naturel de renouvellement des générations, les reprises de sites franchisés résultent de phénomènes variés :
      -Le terme d’une histoire entrepreneuriale :
      pour nombre de « nouveaux entrepreneurs », la franchise est une première formule qu’ils souhaitent volontairement limiter dans le temps pour aller vers d’autres « aventures ». S’ajoutent des opportunités fiscales que beaucoup savent utiliser, le législateur ayant élaboré bien des possibilités d’exonération ou d’abattement sur les plus-values pour des exploitations de plus de 5 ans.
      -La lassitude existe parfois, les difficultés personnelles, d’autres envies d’accomplissement. Le franchisé (ou le couple exploitant) n’est plus en cohérence avec son activité… qui s’en ressent.
      -Les entreprises en difficulté constituent des cibles de choix pour les entrepreneurs aguerris à cette « discipline » singulière, leurs repreneurs peuvent écrire de superbes « success stories » de l’enseigne fondées sur des rétablissements spectaculaires et des développements insoupçonnés. Mais, des échecs, tout aussi retentissants, peuvent être au rendez-vous si le diagnostic / reprise n’a pas été correctement posé.

      -Trois composantes restent incontournables : l’emplacement, le concept, l’équipe. Ces divers éléments évoluent, aujourd’hui ne ressemble pas forcément à hier !
      Le repreneur se doit de vérifier que l’entreprise tant convoitée, n’est pas en retournement et que ses exploitants actuels, désireux de passer la main, n’ont pas emballé « le moteur », qu’il n’y a pas surchauffe avec des clients surexploités en passe d’infidélité, des équipes ayant perdu beaucoup de leur motivation à force d’exigences ou simplement de projets d’urbanismes ou d’équipement remettant en cause la qualité du site.
      Au-delà, convient -il d’apprécier les capacités de développement.
      Sans omettre les caractéristiques spécifiques du site, en particulier le coût d’occupation, celui d’acquisition et son fonctionnement.

      Les intérêts du franchiseur et ceux du franchisé divergent souvent à ce moment.
      -Le franchisé souhaite tirer de sa dernière opération au sein de l’enseigne un profit maximum.
      -Le franchiseur désire conserver un site à son enseigne.
      -Peuvent compléter, le propriétaire des murs abritant l’activité et la mairie qui dispose d’un droit de préemption sur la cession du fonds.
      -Sans oublier les changements de stratégie d’un nouvel actionnaire franchiseur prêt à céder des succursales.

      Dans ce cadre, il appartient aux enseignes de maîtriser ce phénomène pour conserver leur développement tout en maintenant l’harmonie et l’unité du réseau que ne lui donnent pas les seules clauses contractuelles de préférence ou de préemption.