Si la franchise facilite l’accès au crédit, le candidat doit présenter un dossier complet et se faire accompagner dans ses démarches auprès des banques et autres financeurs.

Interrogé fin 2024, Benoît Fougerais, Directeur du Pôle Professionnel Assurances et Financements chez AFR Financement, ne voit pas d’évolution majeure dans les conditions d’accès au crédit entre 2023 et 2024. Même si obtenir un prêt reste compliqué, reconnaît cet expert, les banques prêtent encore… mais elles regardent les dossiers avec beaucoup plus d’attention. « Aujourd’hui, explique-t-il, un candidat ne peut plus aller présenter un dossier incomplet, voire un prévisionnel vite fait sur une feuille Excel : tout ça, c’est terminé ! D’où l’intérêt pour le porteur de projet de se faire accompagner pour professionnaliser son approche. Un futur franchisé peut toutefois chercher son financement par lui-même, mais alors il doit présenter un dossier complet et structuré, avec une note de synthèse, de sorte que l’ensemble des financeurs puisse se positionner rapidement sur son projet. »
La franchise facilite l’accès au crédit
Si Benoît Fougerais parle de « financeurs » et non pas seulement de « banquiers », c’est parce qu’il y a aujourd’hui « beaucoup de solutions de financement hors banques », souligne-t-il. L’expert distingue cinq grandes familles de « financeurs » : les banques, le financement participatif, les aides et subventions, les sociétés de leasing et les organismes de contre-garantie. « Par exemple, sur la partie aides et subventions, nous avons un moteur de recherche qui nous permet lister, à partir d’un certain nombre de critères, l’ensemble des aides françaises et européennes qu’un porteur de projet peut aller chercher ». Les organismes les plus connus sont les dispositifs d’aide à la création d’entreprise France Active, Initiative France et Réseau Entreprendre. De nombreux entrepreneurs en bénéficient chaque année, comme par exemple Valentin Gibier, devenu franchisé Attila en 2021, à l’âge de 29 ans. « Pour financer mon projet, j’ai rencontré certaines barrières, raconte-t-il. Mais j’ai eu la chance de bénéficier de prêts d’honneur auprès de Réseau Entreprendre et d’Initiative Mayenne. Au total, pour lancer mon activité j’ai apporté 30 000 €, pour un financement global de 180 000 €. » Ou encore Thomas Giraud, adhérent Vulco depuis 2023 : pour réunir les financements nécessaires à son projet de reprise, « il a fallu démarcher plusieurs organismes pour avoir surtout des prêts personnels à taux zéro. Notamment des organismes qui travaillent avec Bpifrance. Dans ma région, cela s’appelle Initiative Creuse : il y a un dossier à monter et vous passez devant une commission, qui accepte ou non de vous financer en partie pour avoir un apport personnel. »
Des solutions de financement en complément des banques

D’autres sociétés sont spécialisées dans le financement du besoin en fonds de roulement. « C’est le nerf de la guerre, estime Benoît Fougerais. Des sociétés qui sont en développement ou qui ont besoin d’embaucher peuvent aller chercher une enveloppe hors banques auprès de prêteurs spécialisés en financement de la trésorerie. » Le financement participatif reste lui aussi un levier permettant d’aller chercher des fonds pour financer de la trésorerie, ou encore de l’immobilier. « Aujourd’hui, beaucoup de nos dossiers sont en plan de financement structuré, c’est-à-dire qu’on a de la dette bancaire, du leasing, du financement participatif, des aides et subventions », résume le Directeur du Pôle Professionnel Assurances et Financements d’AFR Financement.
Un accompagnement de la part du franchiseur
Pour aider leurs candidats à se lancer, certains réseaux de franchise ont récemment mis en place des dispositifs d’accompagnement financier. C’est notamment le cas de l’enseigne Attila, qui a présenté en mars 2024 une nouvelle formule de franchise participative. Comme l’expliquait alors son Directeur de la franchise Antony Boulch, « il sera désormais possible de nous rejoindre avec 30 000 € d’apport personnel seulement (car il faut tout de même une mise de départ), que nous allons abonder à hauteur de 30 000 € (sous forme de prêt sans intérêts), en intervenant au capital de la société franchisée à hauteur de 1 % (afin que le franchisé reste maître de son entreprise). L’idée, c’est vraiment de permettre à ces nouveaux franchisés de créer leur entreprise, de la développer et, au bout de trois ans, de nous rembourser : nous sortirons alors du capital de la société franchisée. »
Autre initiative à signaler : le programme Talent Pro, lancé en septembre 2024 par le réseau Cuisines Aviva. L’enseigne « investira aux côtés de jeunes talents pour lancer leur aventure entrepreneuriale, annonce sa Directrice Générale Florence Alliou. Pour autant, nous n’avons pas vocation à rester à leurs côtés : à partir du moment où ils ont un apport personnel de 30 000 €, nous leur accorderons un apport complémentaire de 50 000 €, qu’ils ne rembourseront qu’in fine, après avoir remboursé les banques sur la totalité de leur projet d’ouverture d’un magasin Cuisines Aviva. »

A condition de pas franchir cette ligne rouge, le franchiseur doit tout faire pour faciliter l’accès aux financements pour ses franchisés : « On ne peut pas être bon partout : les franchiseurs recrutent des opérationnels, pas des gens qui savent chercher du financement, conclut Benoît Fougerais. Or, c’est compliqué pour un futur franchisé parce qu’il doit parler de lui, de son projet, de ses chiffres, son prévisionnel, et en plus, il doit « vendre » aux financeurs le concept et l’enseigne. Sauf que le plus souvent, il n’est pas encore passé en formation : il a juste eu une plaquette, un DIP, ou une réservation de zone. D’où l’intérêt de se faire accompagner : quand il sent que le franchisé est un peu léger sur certains sujets, un courtier va pouvoir, sans se substituer totalement à lui, le soutenir à des moments clés de sa présentation. »
Avis d’expert : Benoît Fougerais, Directeur du Pôle Professionnel Assurances et Financements, AFR Financement


