Fermer
Secteurs / Activités

      Joseph-Philippe Benwaïche, président du groupe Plus Pharmacie - Interview du 16 avril 2008

      Demain, le marché de la pharmacie se jouera enseigne contre enseigne

      Votre groupement Plus Pharmacie – 810 officines adhérentes – s’est engagé contre la campagne que mène Leclerc afin de voir tomber le monopole des produits d’automédication, pensez-vous que les GMS puissent gagner ?
      La question n’est pas de savoir si Leclerc va gagner, mais quand il va gagner. Pour faire baisser les prix des médicaments non remboursés, la ministre de la Santé, Roselyne Bachelot, souhaite qu’ils soient désormais devant le comptoir des officines de façon à ce que les clients puissent comparer les offres. S’ils sont en accès libre, à portée de main, il n’y a pas de raison que les supermarchés ne les réclament pas. 
      Nous avons été une profession tranquille titulaire d’un monopole. Notre seule concurrence était les autres pharmaciens. Nous nous sommes laissés aller puisque nos chiffres d’affaires étaient en hausse permanente. Lorsque ce même Leclerc a obtenu la fin du monopole de la parapharmacie, les chiffres d’affaires ont infléchi, mais nous avons réussi à ne pas perdre trop de terrain. Aujourd’hui, il faut que les pharmaciens d’officine se battent, réfléchissent et s’organisent.

      C’est pour mener ce combat que vous avez lancé vos enseignes de pharmacie Pharmavie et Familyprix ?
      Exactement ! Le pharmacien totalement indépendant seul dans sa ville est mort : il va se retrouver dans l’incapacité de répondre aux défis économiques de demain, car le marché de la pharmacie se jouera enseigne contre enseigne. D’où le lancement dès 2004 de Pharmavie (71 unités au concept global, 670 adhérents aux services). Il fallait créer un véritable réseau de commerçants indépendants organisés tout en respectant l’aspect de « profession libérale » des pharmaciens. Ils ont accès à une centrale d’achats, à une enseigne, à un concept, à des MDD. Nous sommes même devenus établissement pharmaceutique. Fin 2008, nous livrerons 700 pharmacies avec nos propres médicaments génériques. Tout cela, la petite pharmacie de quartier ne pourra pas l’avoir. D’ailleurs, c’est pour cette raison que nous avons monté notre deuxième enseigne Familyprix (2 unités au concept global, 140 adhérents). Ce concept s’adresse à des pharmacies familiales de centres-villes, qui réalisent 80 % de leur chiffre d’affaires via les médicaments. Grâce à nos services, ils peuvent rester compétitifs. Quel pharmacien totalement indépendant aurait pu participer à l’achat d’espaces dans la presse nationale afin de démentir la hausse des médicaments non remboursés ?

      Concepts complémentaires, centrale d’achats, formations, MDD : vous utilisez les armes des grands de la distribution pour les contrer ?
      Mais nous sommes grands ! Nos réseaux pèsent 2 milliards d’euros de chiffre d’affaires, soit 6 % du marché de la distribution pharmaceutique. Et nous n’avons pas inventé l’eau tiède : il n’y a que très peu de différences entre Alain Afflelou et moi. En revanche, il faudrait que la profession comprenne que nous sommes à l’ère de la distribution spécialisée sous enseigne. Aujourd’hui, il est quasiment impossible de négocier un emplacement en centre commercial si vous n’êtes pas en réseau. En plus, si Lerclerc peut acheter des encarts de publicité pour dénoncer les prix pratiqués en officine, moi je n’ai pas le droit de faire la même chose en mon nom pour promouvoir des produits. Mes adhérents risqueraient de se faire radier par le Conseil de l’ordre des pharmaciens. Il faut moderniser tout cela et nous battre – nous aussi – sur les prix. Que croyez-vous ? Si Leclerc emploie aujourd’hui des pharmaciens diplômés avec de l’expérience pour ses parapharmacies, ce n’est pas pour vendre des petits pois ! Hier, il réclamait la parapharmacie, aujourd’hui l’automédication. Demain, il s’attaquera aux médicaments vignettés. À nous de démontrer aux clients que nous pouvons apporter une réponse complète à leur demande.

      Lire aussi l’article SECTEUR : La marche des blouses blanches.

      Enseignes du même secteur