Fermer
Secteurs / Activités

      Financement participatif et franchise : risques et opportunités

      Dernière mise à jour le 7 juin 2021

      Quelles opportunités le financement participatif ouvre-t-il aux réseaux du commerce indépendant organisé ? Quels risques peut-t-il présenter ? Voici les principaux points à connaître sur ce modèle émergent de collecte de fonds.

      Le financement participatif ou crowdfunding est un financement (“funding”) par la foule (“crowd”) de projets présentés publiquement pouvant collecter de très nombreuses contributions de petits montants auprès d’un public très étendu, généralement rendu possible par l’utilisation d’Internet. Cette technologie permet de transformer la communauté en investisseurs.

      La France est le 2ème pays en Europe en termes de financement participatif, avec plus de 150 millions d’euros collectés en 2014, selon une étude menée par l’université de Cambridge et le cabinet Ernst & Young. Si elle se place loin derrière le Royaume Uni, qui a collecté plus de 2 milliards d’euros la même année, elle devance l’Allemagne (140 M€), la Suède (107 M€), les Pays-Bas (78 M€) et l’Espagne (62 M€).

      En France, selon le baromètre du crowdfunding (réalisé par le cabinet Compinnnov pour l’association Financement participatif France), 1,75 million de financeurs ont déjà soutenu un projet sur une plateforme et près de 400 M€ ont été collectés depuis leur lancement. Au 1er semestre 2015, le financement participatif a concerné 9 328 projets, pour un total de 133,2 M€ collectés (contre 66,4 M€ au 1er semestre 2014).

      Il existe trois types de plateformes : celles qui pratiquent la collecte sous forme de dons, avec ou sans contrepartie; celles qui le font sous forme de prêts (lending), qui devront être remboursés avec intérêts ; enfin celles qui le font sous forme d’investissements (equity), avec prises de participation au capital. Ces deux dernières semblent les plus adaptées au financement de projets dans le cadre du commerce indépendant organisé.

      D’après le Baromètre du crowdfunding, certaines de ces formules ont leur spécialisation : ainsi, les plateformes de dons se concentrent majoritairement sur des projets culturels, tandis que les plateformes de prêt soutiennent davantage des projets commerciaux et de services de proximité. Les plateformes d’investissement, elles, peuvent toucher tous les secteurs.

      Quelles opportunités ces plateformes de financement participatif peuvent-elles présenter pour le commerce indépendant organisé ? La plus évidente consiste à contribuer au financement d’un projet de création ou de reprise sous enseigne, en complément d’un emprunt bancaire classique. Ce qui pourrait également permettre, suggère Christine Molin, conseil en stratégie et organisation des réseaux (CM Conseil), “d’optimiser la communication du réseau et du projet du franchisé, d’augmenter l’implication de ce dernier, d’avoir une étape supplémentaire dans le recrutement du candidat, confronté aux questions de la foule sur son projet, avec une sélection complétée, et de mieux communiquer sur ce qu’est la franchise auprès du grand public”.

      Christine Molin propose également d’autres pistes : “Les futurs franchiseurs pourraient, par exemple, utiliser le don avec contrepartie pour pré-vendre un produit, tester un marché et ainsi effectuer des tests sur leur pilote. Dans le cadre d’un projet de développement, un jeune franchiseur pourrait aussi faire appel au crowdfunding”.

      Mais les têtes de réseaux et leurs adhérents sont-ils prêts à franchir le pas, notamment à ouvrir leur capital à de multiples investisseurs ? “Intellectuellement, tout le monde est pour, mais les enseignes ont encore des réticences, constate Valérie Sevennec, directrice des entreprises au Crédit Coopératif, partenaire de plusieurs plateformes de financement participatif. Elles se posent des questions sur la détention du capital en complémentarité avec des prêts bancaires, sur ces leviers qui s’additionnent, sur les synergies à mettre en place. On rentre vraiment dans le monde de l’investissement, ce qui implique de donner plus d’informations : il faut que l’investisseur sache si ça va lui rapporter et ce qui l’attend.”

      Les risques que pourrait entraîner un recours aux plateformes de financement participatif dans le cadre du commerce organisé sont encore difficiles à apprécier, compte tenu du peu de recul sur ce système encore récent. Toutefois, franchiseurs et candidats peuvent déjà se poser un certain nombre de questions.

      Par exemple, à quel moment conduire sa campagne : une fois l’emplacement sélectionné et le plan de financement bouclé ou plus en amont ? Comment sélectionner les projets éligibles et accompagner les porteurs de projets ? Quid de la confidentialité des informations (précontractuelles notamment), de la sécurisation des transactions financières via les plateformes, de l’assurance ? Le montant du crédit doit-il être incorporé dans le business plan ? Quelle pourrait être la responsabilité du franchiseur en cas de défaillance… ?

      Dans le cas particulier du financement sous forme d’investissement, d’autres interrogations se font jour : quelle part minimum du capital de son entreprise doit détenir le franchisé, qui aura pour actionnaires un certain nombre d’investisseurs (à hauteur de 5 000 à 10 000 € en moyenne) ? Quid de la prise de participation indirecte du franchiseur ? Ou d’institutionnels qui entreraient de manière diffuse au sein d’un réseau ?

      Des questions nombreuses, on le voit, qui n’ont pas toutes forcément de réponse bien tranchée à l’heure qu’il est. Reste que le financement participatif est très probablement appelé, dans les années qui viennent, à intervenir de plus en plus souvent, en complément d’un financement bancaire dans les projets en commerce organisé.

      D’autant qu’une ordonnance de mai 2014 est venue préciser le devoir d’information des plateformes auprès des investisseurs : un encadrement de nature à rassurer les réseaux et leurs partenaires, donc à les inciter à recourir au crowdfunding. En outre, la loi Macron prévoit de nouvelles possibilités de financement pour les entreprises sans recourir à des établissements de crédit ou des sociétés de financement. Une future ordonnance pourrait notamment leur ouvrir la possibilité de se prêter entre elles.

      Le Crédit Coopératif est notamment partenaire des plateformes de prêt Spear (pour prêter de manière solidaire), de don Arizuka (pour financer des projets pour l’intérêt général) et d’investissement Wiseed (pour investir dans de jeunes entreprises).

      Au moins cinq plateformes de financement participatif déclarent accompagner les entrepreneurs du commerce organisé, sous forme de prêts ou de prises de participation : Crédit.fr, Lendix, Lendopolis, Raizers et Spark Up.