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Secteurs / Activités

      Quels sont les secteurs porteurs en 2021 ?

      Certes, 2020 laissera des traces. Mais 2021 pourrait se révéler l’année des opportunités à saisir pour les porteurs de projets. Voici les secteurs à privilégier.

      Magasin de multimédia et électroménager à l'enseigne Boulanger2020 : annus horribilis pour le commerce en France ? Sans conteste. La lecture des chiffres de l’institut Procos, qui faisait état, le 8 janvier 2021 pour la distribution spécialisée, d’un repli de son activité de 18 % versus 2019, le prouve. Mais le mal aurait pu être plus grand. « Nombre d’entreprises ont été maintenues artificiellement à flot, rappelle Laurent Kruch, directeur et fondateur de l’institut Territoires & Marketing (le montant des aides a atteint, sur l’année, 470 Mds d’€, incluant les prêts garantis par l’ÉtatPGE –, les exonérations de charges et les sommes dues au titre du chômage partiel). Et au final, 2020, malgré un PIB proche des -10 %, a déploré moins de dépôts de bilan que 2019. » Il faut dire aussi que pour certains acteurs, la conjoncture s’est révélée, nous allons le voir, plutôt favorable…

      2020 : quels univers les plus résilients face à la crise ?

      Avant d’évoquer l’avenir, quels univers du commerce en général et de la franchise en particulier ont, précisément, fait preuve, l’an passé, de résistance ? Et sur quels leviers ont-ils pu s’appuyer ? « Des secteurs qui ont « surfé » sur la crise sanitaire, on en compte plusieurs. D’abord, le high-tech, pour l’équipement des télétravailleurs [et plus généralement la bureautique et l’informatique, notent de nombreux observateurs, ndlr.] ; puis la restauration à emporter, dans un contexte de fermeture des établissements de restauration assise ; ou encore l’équipement de la maison, dopé par un transfert des dépenses depuis les pôles loisirs, comme ceux des voyages », énumère Sylvain Bartolomeu, dirigeant associé de Franchise Management, société de conseils en franchise.

      Sylvain Bartolomeu, consultant associé, Franchise Management« Des secteurs qui ont « surfé » sur la crise sanitaire, on en compte plusieurs. D’abord, le high-tech ; puis la restauration à emporter ; ou encore l’équipement de la maison ».

      Sylvain Bartolomeu

       

       

      Juin 2020 : reprise spectaculaire pour l’équipement du foyer

      Magasin de cuisines Mobalpa au nouveau concept à ThonesSur ce marché de l’aménagement du foyer, deux mouvements de dépenses des consommateurs ont pu être observés en 2020 : un premier, une fois levé le confinement du printemps, lié à de petits équipements (types mobiliers d’appoint et objets de déco) ; et un second, après le confinement de l’automne, davantage propice aux investissements plus lourds (toitures, cuisines équipées, jardins, etc.) « Durant les mois de confinement passés chez eux, les Français ont eu le temps d’établir un diagnostic précis de leur intérieur, analyse Patrick Prigent, président de la Fédération nationale de l’ameublement et de l’équipement de la maison (Fnaem), dans les colonnes du Journal Market. Ils ont pu voir ce qui n’allait pas. Résultat : nombre d’entre eux ont pris conscience qu’ils ne bénéficiaient pas de tout le confort auquel ils aspiraient. » Et pour les revendeurs du secteur de l’ameublement, la reprise, après le premier confinement, fut particulièrement spectaculaire, avec pour les mois de juin et juillet, des hausses de chiffres d’affaires de respectivement 35,8 % et 14,8 % (données Institut de prospective et d’études de l’ameublement).

      L’alimentaire a bien tenu tête

      Laurent Kruch (Territoires & Marketing) poursuit l’état des lieux 2020 des univers les plus résilients : « Parmi les réseaux de franchise qui ont maintenu leur activité, il y a les services à domicile », observe-t-il. Et de mentionner des segments de marché tels que les services de ménage ou d’éducation. « Ceux proposés aux entreprises ont également bien résisté : assistance informatique, site internet et coworking », complète-t-il. Un autre un secteur a, lui aussi, clôturé 2020 presque à l’équilibre : l’immobilier. « Les agences immobilières ont pu compter, d’abord, sur les outils de visites virtuelles pour continuer à travailler durant les confinements, affirme-t-il. Elles ont pu aussi s’appuyer sur un marché des résidences secondaires dynamique, avec des paniers moyens en hausse. » Enfin, des univers qui ont, eux, réalisé de la croissance, le directeur de l’institut Territoires & Marketing retient ceux de l’alimentaire (hypermarchés, supermarchés et commerces de proximité), des services de livraison à domicile (derniers kilomètres, mails boxes…), ainsi que les domaines de la santé et du paramédical, via les dispositifs médicaux nécessaires au maintien, à leur domicile, des personnes à mobilité réduite. Et notre expert de compléter : « Certaines profils de franchisés ont également, l’an passé, mieux résisté. Je pense notamment à ceux qui sont à la tête de plusieurs magasins : les multi-franchisés (plusieurs magasins sous une même enseigne) et les pluri-franchisés (plusieurs points de vente de réseaux différents). Grâce aux banques, ils ont su saisir des opportunités, profitant ainsi de la crise pour préparer l’avenir. »

      Table ronde d'experts Franchiseurs : qui est le meilleur ? Laurent Kruch« Parmi les réseaux de franchise qui ont maintenu leur activité, il y a les services à domicile. Ceux proposés aux entreprises ont également bien résisté ».

      Laurent Kruch

      2021 : l’année des opportunistes ?

      Comment rebondir grâce à la franchise malgré la crise sanitaire ?L’année 2020 enterrée, que présager pour 2021 ? Premier élément à retenir : « Les comportements des consommateurs ne seront pas les mêmes d’une année sur l’autre, prévient Sylvain Bartolomeu (Franchise Management). 2020 fut si atypique qu’elle ne saurait être représentative. Et quel que soit le secteur, il faudra, pour entreprendre, avoir les reins solides. L’entreprenariat restera donc cette année un acte fort, car les vents contraires seront toujours actifs. » Et de prévenir : « Certes, des opportunités se présenteront. Certains profiteront, à coup sûr, de conditions favorables pour se lancer en franchise. Mais les bailleurs ne vont pas drastiquement baisser leurs loyers. Et ceux qui estiment que le modèle en franchise offre toutes les garanties de succès se trompent. Nous devrions avoir encore trois à quatre années de balbutiement. » Son confrère de l’institut Territoires & Marketing, pareillement conscient des difficultés à venir (elles interviendront plus certainement en 2022, après une année 2021 encore sous perfusion, juge-t-il), observe toutefois : « Le nombre d’ouvertures de points de vente en franchise devrait encore progresser en 2021. Les signatures enregistrées par les réseaux de franchises en 2020 ont été d’un bon niveau » – à la faveur notamment des PGE et autres mesures d’aides à la création d’entreprises instaurées par les pouvoirs publics. « Notre agenda, chez Territoires & Marketing, est bien rempli jusqu’en février. » Et d’expliquer : « La parade des enseignes pour faire face à la baisse des ventes sera la hausse du nombre des magasins. C’est par ce biais qu’elles surmonteront la crise. »

      L’ère des services dématérialisés

      ImmobilierLAdresseDans un univers de la franchise où les concepts sont en perpétuel mouvement (« jadis, ils pouvaient s’étirer sur trois ans et plus, remarque Sylvain Bartolomeu. Maintenant, cette époque est révolue. Désormais, il faut être hyper agile pour réussir, en renouvelant son offre régulièrement et en étant contributeur sur les réseaux sociaux »), des secteurs d’activité s’inscriront durablement sur une voie porteuse. C’est notamment le cas des franchises de services dont l’activité est « dématérialisable », à l’instar de celles de l’immobilier. Et plus encore les « native digitale » du secteur qui, à l’instar du jeune réseau Les Villas, bénéficient de frais fixes plus légers que ceux des enseignes « physiques » traditionnelles.

      Le retour en grâce du local et des circuits courts

      Easy-Cash-informatiqueAutres secteurs de la franchise qui auront le vent en poupe en 2021 : « Ceux de l’alimentaire – et même du textile – qui misent sur les produits locaux et les circuits courts », estime Sylvain Bartolomeu. « Les enseignes spécialisées dans les produits écoresponsables et végans seront aussi, ces prochains mois, sur le devant de la scène », appuie Laurent Kruch (Les Echos du 11/01/2021 citait une étude selon laquelle le marché du véganisme progresserait de 60 % à horizon 2027). Et ce dernier d’ajouter : « Globalement, tous les points de ventes proches des consommateurs, et dont les plages horaires sont plus grandes ; tous ces commerces qui véhiculent des valeurs humaines fortes comme la solidarité et la bienveillance collective, rencontreront, à l’avenir, de plus en plus de public. Sans oublier les réseaux dits de « seconde main », comme on le voit notamment avec le concept Decathlon Seconde Vie de l’enseigne Decathlon. » « Si la crise sociale se manifeste durablement cette année, le marché de l’occasion et des réseaux de dépôts-ventes offriront également des opportunités, rejoint Sylvain Bartolomeu. Même remarque pour les enseignes low-cost, que soit dans l’alimentaire ou les produits d’équipement. Mais n’oublions pas les loisirs ! Notre besoin d’évasion, de liberté, une fois la crise sanitaire passée, sera grand. C’est pourquoi la restauration à thème ou événementielle, bien que sinistrée aujourd’hui, devrait repartir très fort. » Espoir, quand tu nous tiens…

      Le secteurs aux abois en 2020

      Terrasse de brasserieAu cœur d’une année 2020 marquée par une soixantaine de jours fermeture pour les commerces de détail à cause des confinements – et qui faisait suite à 53 week-ends d’action des gilets jaunes et un mouvement de grève contre la réforme des retraites – nombre de secteurs de la franchise ont bu la tasse. Ce fut, sans surprise, ceux de la restauration assise, de l’univers santé-beauté, du prêt-à-porter ou encore des salles de sport. « Pour certains commerçants, et notamment ceux des bars-restaurants et des salles de sports, 2021 s’annoncent également difficile, table Sylvain Bartolomeu, dirigeant associé de Franchise Management, société de conseils en franchise. Certains ne s’en relèveront pas. »