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      Plateformes de fast fashion : « il est temps d’agir », selon les Fédérations du commerce - Brève du 5 juin 2025

      Dans une « lettre ouverte au Gouvernement », le Conseil du Commerce de France, la confédération des Commerçants de France et leurs fédérations adhérentes demandent « le déréférencement de Shein, Temu et AliExpress ».

      Le 2 juin 2025, une proposition de loi « visant à réduire l’impact environnemental de l’industrie textile », a été examinée en séance publique par le Sénat, après avoir été adoptée en première lecture par l’Assemblée nationale le 14 mars 2024. Ce texte (qui sera soumis au vote le 10 juin prochain) entend notamment encadrer l’activité des enseignes dites de « fast‑fashion » (ou « mode éphémère »), qui se caractérisent, selon ses auteurs, « par la mise sur le marché d’un très grand nombre de nouveaux modèles, ainsi que par un renouvellement quasi‑permanent de leurs collections ». Et vise en particulier les plateformes chinoises de e-commerce Shein et Temu. Le même jour, afin de peser dans ce débat, la confédération des Commerçants de France et le Conseil du Commerce de France (dont la Fédération Française de la Franchise et la Fédération du Commerce Coopératif et Associé sont adhérentes) ont adressé une « lettre ouverte au Gouvernement » intitulée « Temu, Shein, AliExpress : la France doit cesser de fermer les yeux ».

      Pour les fédérations adhérentes du Conseil du Commerce de France, signataires de cette tribune (également soutenue par 14 autres fédérations et plus de 230 enseignes et détaillants), « il est temps d’agir » contre « les plateformes comme Temu ou Shein », qui « inondent le marché français de millions de produits à bas prix, souvent non contrôlés, au détriment de la sécurité, de la transparence et de l’équité ». Invoquant « une urgence sécuritaire, environnementale, économique et juridique », ces fédérations de commerçants appellent la DGCCRF [Direction générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des fraudes] à « engager sans délai une procédure de déréférencement » à leur encontre.

      « Une urgence sécuritaire, environnementale, économique et juridique », pour les fédérations de commerçants

      Pour les fédérations adhérentes du Conseil du Commerce de France, « il est temps d’agir » contre « les plateformes comme Temu ou Shein ».Principal argument des signataires de cette lettre ouverte : « 94 % des produits contrôlés en provenance de plateformes comme Temu ou Shein sont non conformes, et 66 % sont dangereux ». De plus, « 85 à 95 % des produits proposés sur Temu, Shein et AliExpress ne respectent pas les normes en vigueur dans l’Union européenne ». Or, rappellent-ils, « un commerçant français qui vendrait 94 % de produits non-conformes dont 66 % pour dangerosité serait fermé sur le champ ». C’est donc au nom de « l’égalité de traitement » avec « les plateformes hors UE » qu’ils demandent des sanctions contre certains acteurs chinois, afin que toutes les entreprises concernées soient traitées « à la même enseigne ».

      « La loi française donne déjà les moyens d’action, écrivent les auteurs de la tribune (signée par Pierre Bosche, Président de la confédération des Commerçants de France et Yves Audo, Président du Conseil du Commerce de France). Le Code de la consommation permet à la DGCCRF, en cas de manquements graves et persistants, d’ordonner le déréférencement, la suspension ou même le blocage de l’accès à un site ». De plus, rappellent-ils, « un précédent existe : en 2021, la DGCCRF a décidé le déréférencement de la plateforme Wish. Cette décision, pleinement dans ses prérogatives, a été confirmée par la justice. Le cadre juridique existe, le chemin est balisé. Il est temps de l’emprunter à nouveau ».

      Une distorsion de concurrence « insoutenable et économiquement destructrice », selon ces organisations professionnelles

      Au-delà de la « menace sécuritaire » représentée par les plateformes comme Shein et Temu (qui commercialisent notamment « de nombreux articles [qui] s’adressent directement aux enfants : tenues, jouets, fournitures scolaires »), les signataires de la lettre estiment que ces acteurs « éludent la TVA, échappent aux droits de douane, contournent les périodes de soldes, violent les règles d’étiquetage et de transparence commerciale ». Et donc, « tirent un avantage concurrentiel déloyal au détriment des commerçants français, des marketplaces responsables, des PME qui investissent dans la conformité ».

      « Le principe de loyauté des transactions commerciales, pourtant inscrit dans le Code de la consommation, est piétiné », s’indignent les porte-paroles des commerçants français, pour qui « cette distorsion de concurrence est insoutenable et économiquement destructrice ». C’est pourquoi la Confédération des commerçants de France et le Conseil du Commerce de France « appellent la DGCCRF à faire appliquer sans délai les procédures prévues par la loi : mise en demeure, puis déréférencement, voire blocage si nécessaire ». « Protéger les consommateurs, garantir la sécurité des enfants, rétablir l’équité entre entreprises : c’est une question de responsabilité, de courage et d’intérêt général », concluent ces organisations professionnelles représentatives.

      Texte intégral et liste des signataires à retrouver ici

      Proposition de loi consultable sur le site du Sénat