Ses ventes se sont envolées l’an dernier, et se maintiennent à un niveau élevé. Les réseaux d’indépendants positionnés sur ce secteur porteur doivent désormais articuler magasins physiques et e-commerce.
En 2020, le marché du bricolage a atteint 31 Mds€ de chiffre d’affaires tous circuits confondus, soit une progression de 13 % par rapport à 2019. Malgré, ou plutôt grâce à la crise sanitaire, comme l’expliquent la Fédération des Magasins de Bricolage (FMB) et l’Association des Industriels du Nouvel Habitat (INOHA) dans leur étude annuelle publiée en avril dernier : « Alors que les deux premiers mois de l’année 2020 affichent une progression du marché du bricolage dans la continuité de celle de 2019 (+3,4 % de son chiffre d’affaires par rapport à 2018), la crise sanitaire a brisé cette dynamique lors du premier confinement. Cependant, dès le mois de mai, le marché du bricolage a connu des progressions à deux chiffres, bénéficiant de l’engouement des Français pour l’amélioration de leur habitat, valeur refuge en ces temps de pandémie. » Début 2021, cette bonne orientation ne s’est pas démentie. Ainsi, en juillet dernier, comparés à 2019, « les résultats du secteur restent tout à fait positifs et les grandes surfaces de bricolage (GSB) poursuivent leur activité sur une tendance favorable », constataient la FMB et l’INOHA.
Le boom du e-commerce a profité aux magasins spécialisés
« La crise sanitaire a bien entendu favorisé la vente en ligne, renforçant logiquement les pure players (+84 %), soulignent les experts de la FMB et de l’INOHA. Cependant, les GSB ont orchestré et développé leur omnicanalité comme en témoigne la forte progression de leurs ventes en ligne (+111 %). » Conséquence de ce boom du e-commerce : « avec une part de marché qui atteint les 3 %, les ventes en ligne des GSB représentent aujourd’hui un circuit de distribution en soi ».
On se souvient qu’en 2020, les magasins de bricolage, confrontés à une forte demande et à des difficultés d’approvisionnement liées à la crise sanitaire, avaient dû faire face à d’importantes ruptures de stocks. Mais les grandes enseignes, déjà bien avancées sur la voie de l’omnicanal, étaient parvenues à maintenir le lien avec leurs consommateurs et à booster leurs ventes. Grâce à des solutions comme le drive, le click and collect et la livraison à domicile, certaines avaient même réalisé des performances record en termes de trafic et de chiffre d’affaires généré en ligne.
Trois grands groupes détiennent 85 % du marché français
Si les enseignes succursalistes Leroy Merlin (36 % de parts de marché en 2020) et Castorama (14 %) continuent de dominer le marché, le commerce indépendant organisé y est également bien représenté. En effet, parmi les trois groupes qui détiennent 85 % du marché, Adeo (43 %), maison-mère de Leroy Merlin, fait appel à la franchise pour son enseigne Weldom, et le Groupement Les Mousquetaires (15 %) est une coopérative de chefs d’entreprise indépendants qui exploitent les magasins Bricomarché, Bricocash et Bricorama. Seul Kingfisher (27 %) déploie exclusivement en propre ses marques Castorama et Brico Dépôt.
Le premier groupement d’indépendants pèse 15 % du marché
Premier réseau de proximité et d’indépendants sur le marché de l’équipement de la maison, Bricomarché, Bricorama et Brico Cash ont vu leur chiffre d’affaires cumulé augmenter de +11 % en 2020, à 3,2 Mds€, en particulier grâce aux performances des rayons jardin et décoration. La montée en puissance du Drive et du e-commerce a aussi contribué positivement à ces bons résultats. « L’activité de mes deux magasins a progressé de +13,3 % en 2020, confirme Anne Lafitte-Maïques, adhérente Bricomarché à Nogent-le-Rotrou et Mortagne-au-Perche. En raison du confinement, de nouveaux clients se sont mis à bricoler et les anciens clients bricolent encore plus ! Les rayons jardinage et décoration ont aussi progressé car, comme en 2008, l’habitat est une valeur refuge : on se réfugie dans sa maison, dans son habitat. On constate un véritable effet cocooning. »
Fort de cette bonne orientation de son activité, le groupement entend poursuivre le développement de ses réseaux en recrutant de nouveaux adhérents. « D’ici 2025, notre volonté est d’atteindre 100 points de vente à l’enseigne Brico Cash pour devenir représentatifs au niveau national, annoncent ses dirigeants. Pour Bricorama et Bricomarché, nous nous sommes fixés un objectif de 5 ralliements de nouveaux adhérents par an à partir de 2021 et nous visons un réseau d’une soixantaine de franchisés Bricorama (contre 40 aujourd’hui) à horizon 2024. » Bricomarché, Brico Cash et Bricorama comptent déjà plus de 850 points de vente en Europe – dont 679 Bricomarché, 43 Brico Cash et 142 Bricorama (avec trois statuts différents : unités franchisées, magasins adhérents et points de vente intégrés).
Les enseignes modernisent leur parc de magasins
Quatrième acteur avec 8 % de parts de marché, le Groupe Mr.Bricolage fédère 306 magasins franchisés sous enseigne Mr.Bricolage, 107 points de vente sous enseigne Les Briconautes et 370 unités affiliées sous enseignes indépendantes. Totalisant 783 points de vente au 31 décembre dernier, ces réseaux ont vu leur volume d’affaires à magasins comparables progresser de 11,2 % en 2020. « Le Covid a été pour le secteur du bricolage un vecteur d’accélération du commerce, souligne Philippe Cibois, Directeur du Concept et du Développement chez Mr.Bricolage. Les Français se sont adonnés au bricolage et plus largement au faire soi-même, et le bricolage en a bénéficié. » Dans le domaine du digital, les ventes générées sur le site Mr.Bricolage.fr « ont doublé et le retrait 2h (click & collect) a quadruplé en 2020 par rapport à 2019 », se félicite le groupe. Désormais, 95 % des magasins Mr.Bricolage sont connectés à la plateforme e-commerce, qui affiche une hausse de 45 % du nombre de visiteurs uniques.
Après avoir enregistré un solde net de 75 nouveaux magasins entre fin 2019 et fin 2020, le Groupe a pour ambition de dépasser 1 000 points de vente dans le monde à horizon 2028. Il programme notamment une quinzaine d’ouvertures sous enseigne Mr.Bricolage cette année. Et poursuit en parallèle le déploiement du concept « 4 piliers », lancé en 2018. « Une cinquantaine de magasins l’ont déjà adopté, avec une forte accélération depuis 2020, indique Philippe Cibois. Au total, une quarantaine de points doivent être transformés en 2021 ».
La transformation digitale est une priorité
Avec 884 M€ de chiffre d’affaires TTC en 2020, Weldom pèse 4 % du marché. Le réseau a pour ambition d’ici 2025 de devenir le leader de la proximité sur son secteur avec 500 magasins, contre 350 fin 2020. Dont 213 sous enseigne Weldom (24 en propre et le solde en franchise) et environ 140 partenaires. Cette filiale du groupe Adeo (Leroy Merlin) propose en effet deux modèles d’adhésion : la franchise sous enseigne Weldom et un contrat de partenariat plus léger. « Ce dernier convient à des professionnels qui ont un besoin de transformation ou d’extension de leur magasin afin de coller ensuite à un business plan compatible avec le passage sous enseigne Weldom, explique Edouard Deville, directeur des opérations. Ou à des indépendants exerçant sous d’autres enseignes qui se rallient à nous : une première année leur permet de transformer le stock. »
Après avoir totalement transformé son site web en 2020 pour mettre en avant son système d’e-réservation, Weldom a prévu cette année de multiplier par 2,5 son niveau d’investissement dans les outils digitaux. En effet, toutes les enseignes doivent désormais poursuivre leur transformation numérique afin de répondre aux attentes des consommateurs, convertis au e-commerce suite à la crise sanitaire.