Allier l’utile à l’agréable en se lançant, en franchise, dans une activité qui soit aussi un hobby ? Oui, à condition de bien placer le curseur entre passion et raison. Gare, sinon, aux déconvenues.

L’exemple du jeune couple n’est guère isolé et nombreux sont les entrepreneurs parvenus à faire de leur dada leur métier grâce à la franchise, à l’affiliation, la concession ou encore la coopérative. Ces systèmes le permettent, en offrant aux aspirants créateurs un cadre rassurant dans lequel s’épanouir.
La franchise peut offrir aux passionnés un cadre rassurant dans lequel s’épanouir
Pour autant, des témoignages rappellent aussi que si l’attrait pour le produit ou le service que l’on va vendre est nécessaire, il ne représente pas l’assurance d’un démarrage facile. Julien Meune était pilote chevronné et mordu de deux-roues lorsqu’il a décidé de rejoindre le réseau Doc’Biker, en 2013. Pas suffisant pour convaincre Hauts-de-Seine Initiative de l’aider, alors, à financer son projet d’ouverture d’un centre à Montrouge, l’association de développement économique locale lui reprochant de ne pas avoir son brevet de mécanicien. Heureusement, le franchiseur saura lui voir au-delà, et le candidat mettre toutes les chances de son côté en appuyant sur sa formation initiale. « Elle est de deux mois minimum chez Doc’Biker ; j’ai préféré pousser jusqu’à trois pour en apprendre le plus possible », raconte-t-il. C’était il y a quatre ans. Aujourd’hui, son centre de réparation rapide est sur les rails et Julien Meune envisage d’en ouvrir un second.
« Dans certaines activités réunissant une communauté de passionnés, avec leurs codes, leur langage, comme la moto, mais aussi le jeu vidéo, ou encore certains loisirs sportifs, la passion est sans doute un prérequis à la réussite. Est-elle pour autant suffisante ? Je ne pense pas », analyse Rose-Marie Moins, directrice de la Promotion et de la Professionnalisation à la Fédération française de la franchise (FFF).
Les critères de recrutement des enseignes le confirment.
La sensibilité à l’univers automobile est-elle requise pour rejoindre Norauto ? « Elle est préférable, mais pas essentielle, répond quant à lui Fabrice Flamand, directeur du développement et du recrutement des franchisés du réseau. Il convient davantage, pour un futur adhérent de développer une grande qualité de contact, à la fois avec les clients et les équipes de son centre-auto. Un entrepreneur Norauto, qui travaille généralement avec 8 à 10 collaborateurs, est un véritable chef d’orchestre qui doit aussi, par ses aptitudes relationnelles, trouver sa place dans le tissus local », précise le responsable.
Comme ses concurrents Bibovino, Les Domaines qui Montent ou V And B, Cavavin recrute des « épicuriens », mais insiste surtout sur « le sens du commerce et du relationnel« dont doivent être dotés ses candidats. « Nous cherchons par ailleurs des partenaires en capacité de gérer des points de vente de plus en plus grands », précise Michel Bourel, PDG de l’enseigne, par ailleurs Président de la FFF depuis 2016.
Enfin si, chez les chocolatiers, Jeff de Bruges recherche bien des entrepreneurs ayant la « passion du produit », et Pascal Caffet des entrepreneurs « passionnés par le chocolat, la pâtisserie, et la gastronomie en général », les deux enseignes venaient, au moment de notre enquête sur le sujet, de faire franchisés respectivement… un ex-responsable marketing et un ex-chargé de grands comptes.
Les franchises de restauration sont peu sensibles aux talents culinaires des candidats

« Les franchiseurs sont de plus en plus attentifs à ce que la formation initiale qu’ils dispensent permette au franchisé d’être à l’aise rapidement, quel qu’ait été son parcours. Et de mieux en mieux outillés pour y parvenir. Pour autant, le candidat ne doit pas tout attendre de sa formation. Lui arrive avec ses compétences, ses qualités et, en effet, son intérêt pour le produit. C’est la conjonction de tout cela qui fera sa réussite », explique Rose-Marie Moins (FFF).
La spécialiste encourage en conséquence les candidats à certes réfléchir à l’activité vers laquelle les portent naturellement leurs goûts. Mais non sans avoir parallèlement mené leur auto bilan de compétences. « Qu’est-ce-que mes expériences précédentes m’ont appris ? Pour quoi suis-je doué ? Suis-je meilleur dans l’écoute ou le conseil ? Dans les relations humaines ou dans la gestion ? Est-ce que, finalement, mes qualités peuvent être mises à profit dans ce métier qui m’attire ? », doit selon elle s’interroger tout entrepreneur.
« Est-ce que mon expérience et mes qualités peuvent être mises à profit dans ce métier qui m’attire ? », doit s’interroger tout candidat.
Catherine Dubois a rejoint L’Appart Fitness 
La spécialiste pointe un autre risque pour le candidat passionné : celui de la désillusion. « Pratiquer une activité comme hobby n’a rien à voir avec la pratiquer comme métier. Les aspects les moins agréables, occultés tant que l’on est dans le loisir, peuvent prendre le dessus, entraînant décalage, déception voire une désillusion pouvant aboutir à l’échec pur et simple du projet », souligne-t-elle.
Journées découverte et stages d’immersion sont des étapes primordiales
Est-il nécessaire de rappeler que le caviste ne discute pas de vin toute la journée ? Que le chocolat peut être écœurant et que les fleurs ne sont plus si glamour quand faut se lever à l’aube pour aller les acheter? Qu’un passionné de course automobile sera bien loin de l’ambiance Grand Prix lorsqu’il s’agira de conseiller à Mme Durand de changer les plaquettes de frein de sa citadine ? « D’où l’importance de démystifier le métier qui vous intéresse en visitant des points de vente, de rencontrer des franchisés, de participer à des journées de découverte ou à des stages d’immersion », insiste la directrice de la Promotion et de la Professionnalisation à la FFF.
Il convient aussi de rappeler que de très belles 

